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Incroyablement exaspérant !

2009/02/09
Je vais introduire un autre personnage :

Yves Chereque22 ans. L’un des compagnons de-Sybil Françaix. Chereque est cynique, et vraiment apathique ; sa phrase préférée est « chacun pour soi-même », et il laisse le monde s’enivrer et continuer des actions méchantes parce que d’après lui, le monde ne peut plus être sauvé. Il se méfie d’Aimée Duchemin, mais pourquoi ?......


Ben. Il y aura trois personnes dans ce dialogue. Là, on parle de la guerre (cela n'a pas besoin d'introduction), et surtout les efforts pour aider les victimes partout dans le monde. Notre cher Chereque essaie de convaincre Fabienne Delacroix et Sybil Françaix que même les renforts sont corrompus.

Chereque : Je sais. Merci.
Françaix : Incroyablement exaspérant !
Chereque : T’as dû rajouter le mot « exaspérant »… ?
Françaix : Je ne comprends pas pourquoi et comment tu es si…… sans cœur !
Chereque : Honnêtement, j’ai pitié pour les enfants. Et avec tout mon cœur je veux les aider. Mais ces images n’ont pas le pouvoir de m’émouvoir. Pas du tout.
Delacroix : Comment, Chereque ?
Chereque : Des adultes imbéciles sont responsables pour la souffrance des enfants. Alors pourquoi les aider ? Ils peuvent se pendre !
Françaix : Yves----
Chereque : Sybil, écoute. Cette guerre a commencé il y a très, très longtemps. Avant notre naissance, en fait. C’était entre le Hamas et l’Israël. Le problème de ces gens, c’est qu’ils ont fait le mauvais choix : au lieu d’un parti démocratique et modéré, ils ont fini par choisir le Hamas – et leur souffrance ne cesse toujours pas.

Françaix : Ça, je comprends. Même mes grands-parents connaissent bien l’histoire de cette guerre.
Chereque : Très bien. Il faut que vous sachez aussi – je vous inclus, Madame Delacroix – il faut que vous sachez que c’est une question de terre.
Delacroix : Exactement.
Chereque : Maintenant je ne comprends pas pourquoi on essaie de changer les faits et nous décevoir !
Françaix : Qu’est-ce que tu entends par là ?!
Chereque : C’était à la une partout dans le monde, mais ici chez nous, on nous a caché cette nouvelle : au réveillon de Noël, l’Israël en a eu ras-le-bol des attaques du Hamas, et aussi le fait qu’ils attaquent en utilisant des écoles et des hôpitaux. On a émis des déclarations, des notices, que l’Israël allait attaquer dans une semaine, et pendant ces sept-jours du cessez-le-feu, les résidents ont dû évacuer ou périr. Ils ont choisi de périr, alors on les laisse tous périr !
Françaix : Mais pourquoi ils ne voulaient pas évacuer ?
Chereque : Très bonne question. En fait, ils voulaient déclarer une « guerre » au nom de la croyance, de la religion. Ne vous trompez pas : je ne prends pas de côtés ici, je suis neutre. Imaginons que les juifs veulent rester dans un endroit dangereux pour repousser les attaques de l’ennemi. Ils n’obéissent pas les notices qu’ils doivent évacuer dans une semaine. En repoussant les attaques, ils meurent. Certains sont blessés. Si on diffuse les images des conséquences de leurs actions, tout le monde sera ému – presque tout le monde. Pas moi. Mais entre ceux qui sont émus, qui seront les plus enragés ?Delacroix, Françaix : Les juifs ?
Chereque : Exact. Maintenant, même cas avec les musulmans.Françaix : Alors tout ce que j’ai vu, c’est un…….. ?
Chereque : Quelle que soit la foi, juive, chrétienne ou musulmane, enfin, ce n’est pas une question de religion. C’est une question de territoire. Mais c’est avec ces images qu’on essaie de changer les faits, c’est avec ces images qu’on essaie de gagner le support des croyants autour du monde. Dites-moi, que sera l’effet si on utilise des images d’enfants, au lieu des images de citoyens adultes ?
Delacroix : Bon, cela, c’est évident : nous sommes tous facilement émus par des images d’enfants. Même vous, vous êtes parfois facilement ému.

Chereque : (Il rougit.) Euh. Exact. Et c’est parce que nous sommes émus par des images des pauvres enfants blessés, nous pouvons vite réagir. Si on utilisait l’image d’un adolescent ou bien quelqu’un dans les 30 ans, on ne réussirait pas à convaincre le monde que les conséquences de la guerre sont dramatiques.Delacroix : Alors ce que vous dites, c’est qu’on essaie de lancer une « guerre » mondiale, une bataille de pensées parmi les citoyens du monde ?
Françaix : Mais pourquoi les pauvres enfants doivent souffrir à cause de ce que les adultes font ?
Chereque : Je ne sais pas. Même moi, je ne comprends pas pourquoi les enfants sont les premiers à souffrir, quand ils n’ont rien fait.


On reste silencieux pendant quelques minutes.
Delacroix : Et les renforts alors ? Comment est-ce que nous allons aider ceux qui ont vraiment besoin d’aide là-bas ?
Chereque : Je crois qu’on ne peut pas. Vous avez déjà lu cette nouvelle : tous les fonds pour les victimes de la guerre sont utilisés par le Hamas pour acheter des armes. Pas vraiment pour distribuer cet argent spécifiquement aux victimes. Ce qui est vraiment bizarre, c’est qu’ils ne réagissent pas à cette urgence. OK. Laissez-moi citer un exemple…… Disons qu’une aile de l’Académie prend feu. Les quartiers à l’ouest. Il y a à peine mille étudiants là-bas. Leurs quartiers sont brûlés, et ils ne peuvent pas chercher de logement. Notre Académie a sûrement une trésorerie. Comment est-ce qu’on utilise les fonds dans la trésorerie ? Madame Delacroix, vous pouvez répondre à ma question : est-ce qu’on utilise les fonds spécifiquement pour aider ces mille étudiants, ou est-ce qu’on les distribue également comme d’habitude ?
Delacroix : C’est un cas d’urgence ; bien sûr on va utiliser les fonds spécifiquement pour ces mille étudiants ! Priorité à eux !
Chereque : Vous voyez ? Le Hamas fait le contraire. Personne ne distribuera les fonds « également » comme ça dans une guerre. Priorité aux victimes. Si le monde peut croire qu’ils vont distribuer les fonds également, le monde est lui-même corrompu.
Françaix : Et jusque là j’ai été déçue…
Chereque : Heureusement tu le réalises maintenant. C’est pour cela que je ne donne pas mon argent aux victimes de la guerre. Je ne veux pas savoir que mon argent est mal utilisé. Et c’est pour cela aussi que j’essaie de ne pas être ému par les images qui sont diffusées dans les journaux. C’est difficile d’être complètement froid comme ça. Mais enfin, je m’habitue.
Françaix : C’est difficile d’être comme toi.
Chereque : Bon, tout d’abord, il ne faut pas être si crédule.
Delacroix : Je suis très perturbée par ces images.
Françaix : Oh, regardez-moi ça ! Pauvre enfant. Son entier visage saigne. Pourquoi à son âge il doit être exposé à toutes ces douleurs ?Delacroix : Je commence à me le demander aussi. La situation à Gaza ne calme toujours pas ?
Chereque : Si vous voulez mon avis, moi, je m’en fous.


On reste silencieux pendant quelques secondes, et puis après…
Françaix : Yves, tu es incroyable.

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