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Mot de fin : une analyse du Service National

2009/09/05
Ne me méprenez pas. Je critique, pour que vous appreniez. Je critique, pour que vous sachez ce que c’est être Malaisien, aux yeux d’une jeune fille à 18 ans.

Sommes-nous heureux d’avoir été choisis pour le Service National ? Oui et non.

En un côté…


J’ai été envoyée à Miri pour retrouver quelques véritables amis. C’est étrange, mais je découvre que la plupart des apprentis venant de KL ne me supportent pas. (La jalousie, peut-être ?) Pourtant, ce sont mes amis à Sarawak – en particulier, Miri, Bintulu et Limbang – qui sont toujours là pour moi. J’ai été liftée par des amis qui me saluaient et qui m’honoraient en tant qu’ex-commandante, en tant que fille audacieuse, en tant qu’amie. J’ai su comment c’est être morte (physiquement et spirituellement), et qui serait avec moi dans ce camp d’entraînement.

J’ai éprouvé des activités de haute risque, notamment le « flying fox » et le parcours de tir M16.

J’ai dessiné le symbole de la fierté de l’En Avant Bravo et j’ai aussi fait des efforts pour leur faire gagner. (Les Braves ont gagné, m’enfin… ^_^) J’ai chanté trois fois. J’ai participé dans chaque activité et j’ai fait de mon mieux. En fin de compte, même les enseignants et les apprentis d’autres compagnies commençaient à saluer la jeune TNÉ. On n’avait que trois mots à me dire : « …comme rien d’autre. »

J’ai appris à marcher en pas et je dois dire que mes pas sont beaucoup plus sexys que jamais ! Et dire que j’ai perdu des kilos lors de mon terme au Camp Miri…

J’ai découvert une nouvelle paroisse à Taman Tunku et j’ai été là, pour la messe en malais, pour la première fois. Ma vie toute entière, j’ai suivi des messes en anglais.

J’ai appris la langue des Ibans et je me suis faite pas mal d’amies ibans, qui n’ont presque jamais la chance de connaître des Malaisiens d’origine indienne. Pour beaucoup d’apprentis, je suis leur première amie indienne.

J’ai pu partager des expériences avec mes meilleures amies et j’ai connu des merveilleux enseignants – les enseignants des Braves, et les enseignants des autres compagnies.

En l’autre côté…


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Où se trouvent-elles nos idées ? Toutes perdues avec la bureaucratie !


Les disputes et la violence arrivent très fréquemment (il y avait cinq cas de violence parmi les garçons et deux parmi les filles), et c’est quelque chose qui est toujours associée avec un camp d’entraînement. Et pourquoi ? Je remarque que la plupart d’apprentis qui se disputent ne se sont pas faits des amis d’autres ethnies jusque là. C’est effrayant de voir les chinois avec les chinois, les malais avec les malais, etc. – et s’ils ne sont pas d’accord avec quelque chose, vous connaissez la suite. Mais ce qui m’étonne, c’est que nous avons vécu ensemble, en tant que citoyens de la MY, pour 52 ans ! C’est longtemps ! Et il y a encore des problèmes ?? Les disputes. La violence. L’harcèlement. Tout ça ne doit pas arriver.


Les enseignants ne peuvent pas être accusés. Plutôt, c’est la FONDATION de notre programme. À l’âge de 18 ans on aurait vécu avec nos groupes habituels (peut-être de la même ethnie que nous !). Dans cette durée on aurait sûrement entendu parler des moindres remarques envers d’autres ethnies, et on aurait considéré ces remarques en tant que des réponses normales. Voyons, personne n’est étonné quand quelqu’un dit « Sale _________ (insérez une ethnie ici), fauteur de troubles ! » Alors changer quelqu’un à l’âge de 18 ans, surtout pendant une durée de trois mois, c’est un travail pour un Romain – parce que sa personnalité serait déjà formée. On ne peut pas arrêter les gros mots à cet instant. Ce qu’on a dû faire : on a dû intégrer les jeunes Malaisiens depuis nos années scolaires. Même si c’est une école chinoise ou une école tamoule, on peut toujours visiter d’autres écoles, ou co-organiser des programmes pour les élèves. C’est LÀ ou les personnalités peuvent être bien formées. La morale ne suffirait pas, parce que tout le contenu est limité à un livre de texte. Il faut la pratique. Et l’effectuer, ça prend du temps – mais sans doute, moins de temps que le Service National. Et nous risquons beaucoup moins de problèmes de discipline à long terme.


La plupart d’apprentis chrétiens ne se concentrent pas lors de la messe ou lors des prières le jeudi et le vendredi (oh, ça m’attriste…). Ici je suis dans un état où la plupart de citoyens se disent chrétiens, encore plus catholiques, mais j’ai l’impression qu’ils ne prennent pas le temps pour apprécier le fait qu’ils font partie de cette grande famille.


Les REPAS sont horribles mais que faire si ceux qui travaillent dans la cuisine sont sous-payés ? D’après ce qu’on entend des serveurs dans la cookhouse (cuisine), ils sont payés RM50 par mois. De là, RM45 est déduit pour acheter les ingrédients et des choses qu’ils ont besoin. RM5 par mois, c’est environ 1€ par mois ! C’est presque rien ! Et pour des centaines d’apprentis, comment faire un bon repas ? Ils travaillent durement et ils ne remportent que RM5 ? Si on dit que beaucoup d’argent est dépensé pour le repas à un apprenti, la situation ici est l’envers. Les serveurs ne mentent sûrement pas ! Regardez tout d’abord comment ils vivent !


Ensuite, comment le bureau de logistiques peut être fermé tout le temps ? Nos vêtements sont facilement abîmés. Le bureau est ouvert à 14h (et là, nous faisons nos activités physiques et nous ne devons pas les manquer !). À notre arrivée, le bureau est toujours fermé. Ça me fait poser quelques questions : 1) faut-il changer les horaires de travail pour répondre aux demandes des apprentis ? 2) sinon, faut-il changer les horaires des activités physiques ? 3) qu’est-ce qui arrive là-haut que nos vêtements doivent être si…… facilement abîmés ? Nous parlons de la corruption au camp d’entraînement, mais allô ! nous réalisons que la corruption arrive quelque part. Si nos vêtements sont d’une bonne qualité, nous ne devrions pas aller au bureau de logistiques pour changer des vêtements chaque mois. Ainsi le bureau ne doit pas considérer changer les horaires de travail. Sauvons de l’énergie à long terme !


L’électricité a déjà été coupé une dizaine de fois, et l’eau a été coupé une ou deux fois. À mon retour au Camp Miri, j’ai découvert que l’eau était colorée de rouille…


Il y a de l’internet ici mais c’est lent (eh bien, nous sommes au milieu de la forêt !).


Parfois, quand la décision doit être PRATIQUE, on suit trop le protocole. Souvent – non, toujours – on doit attendre la réponse du commandant avant de faire n’importe quoi. Je me souviens que mon Projet Rêver a échoué à cause de cette bureaucratie. J’ai voulu commencer les efforts sur-le-champ parce que la situation était horrible, avec toute cette violence. Nous savons que les concerts, des pièces en scène, ceux-ci uniront des gens de différents ethnies, de différents cultures. Nous l’avons témoigné. Mais j’ai dû attendre la réponse du commandant. Et tous les enseignants craignaient la suite – ils savaient que le commandant allait dire non, en réponse à la violence des apprentis. C’est le protocole, ça ! Pourquoi ne pas appliquer quelque chose qui est plus pratique ? Dans la vie on doit avoir des règles, mais nos plans et notre créativité ne doivent pas être limités par ces règles.


Quand n’importe qui vient au camp d’entraînement on doit mettre cet air de discipline pour les média. Et on essaie de peindre une belle image de l’indépendance. Même moi, j’avais l’impression que le Service National est un endroit ou la discipline fait priorité. Mais en réalité, où se trouve-t-elle la discipline ?


Et la météo ! Il faisait extrêmement chaud la journée et extrêmement froid la nuit. Même avec deux chemises, un pull-over et deux couvertures, j’avais froid.


Et avant que je n’oublie… parfois les cours de nationalisme incluent un peu d’idéologie politique. Oui, le gouvernement fait partie d’un pays mais que faire s’il y a trop de problèmes ? Que faire si on ne peut pas croire en ceux qui tiennent des positions au Parlement ? Voici ce que j’ai remarqué ces derniers mois : c’est le Realpolitik qui s’applique. Ceux qui tiennent le haut du pavé font n’importe quoi pour retenir leur position. C’est évident dans les média, c’est évident dans ce qu’ils disent et ce qu’ils font. Il n’y a presque pas de politiciens sincères ici… Excusez-moi, si vous voudriez gagner des votes, si vous voudriez gagner mon respect, respectez les autres ethnies et cultures, et ne jetez pas des humbles citoyens en prison pour la moindre raison. Ils ont le droit de s’exprimer. Si vous voudriez gagner mon respect pour diriger le pays, au lieu de garder toute votre richesse, vendez les choses les plus précieuses à vous, donnez l’argent aux pauvres pour résoudre le problème de pauvreté en MY. Si vous faites cela, je vais vous honorer. Maintenant vous ne méritez pas l’honneur.


Alors comment est-ce que j’ai écrit l’histoire de ma quête ?

Comment est-ce que j’ai survécu ? J’ai commencé en tant qu’une jeune susceptible à la moindre remarque. Lentement j’ai fait mes preuves en tant qu’artiste. J’ai dessiné, j’ai chanté, j’ai utilisé l’ordinateur presque parfaitement. =) Et j’ai surtout essayé d’être une bonne amie.

Mais ce que je n’arrive pas à faire à cause de notre âge, c’est apprendre aux autres le respect. Ce n’est pas une question de gros mots. Plutôt, moi j’ai été élevée dans une culture de respect. On ne jure pas. On ne fait pas de positions suggestives, même si c’est entre des filles. C’est contre ma foi et mes principes. Si jamais on va en mode berserker, c’est là où on jure. Je ne raconte pas mon histoire aux enseignants pour aucune raison. Je raconte, parce que j’ai besoin de voir une culture de respect. Et il semble ne pas en avoir. Je termine ma quête en tant qu’héroïne, et même avec mon statut élevé, je crois que ça ne vaut presque rien dans le contexte de KL. Parce que là, je trouve plein de gens qui savent bien se conduire. Je trouve plein de gens qui valent le titre d’héros.

La faute à qui alors ? les autorités, les enseignants, les parents ou les apprentis, ou quelque chose d’autre ? C’est sûrement les apprentis. On pourrait accuser leurs parents ou leurs environnements pour leur manière de se conduire. Mais c’est aussi une faute de plans à la part de ceux qui règnent : à KL, par exemple, on voit des programmes d’intégration à certaines écoles. Malheureusement, on voit souvent que les élèves se regroupent avec des amis de la même ethnie. Et la suite, vous connaissez ! Rien n’a été fait pour nous unir totalement. Et qui a fait la décision SACRÉMENT DÉBILE de nous unir à l’âge de 18 ans, quand nos personnalités sont déjà formées et difficiles de changer ??

J’avais aussi dit que le cours de personnalité est un « jardin d’enfants pour les adultes » - et c’est à cause de l’attitude des Malaisiens. Nous sommes ignorants, ou nous avons peur d’agir, mais nous parlons beaucoup plus. Nos voisins à Singapour agissent vite avant de parler ! Alors contrôler ces apprentis, c’est comme contrôler une bande de coquins au jardin d’enfants. Avant d’effectuer le Service National, il faut tout d’abord changer l’attitude et la perception de nos compatriotes. Tant que nous ne le faisons pas, la MY et la SN resteront en péril. Et je réalise qu’il faut du temps. Je n’ai pas la sagesse que Dieu avait donnée à Salomon, mais j’ai pitié pour mon peuple, et c’est ce qui me dirige à écrire, à débattre, pour résoudre les problématiques qui se posent.

Je ferme ce carnet avec l’espoir que je vais voir un changement dans l’esprit de nos jeunes. Je pars vers KL avec l’espoir de réaliser mon plus grand rêve, avec l’espoir de rendre ma famille fière.

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