J’ai écrit ces mots immédiatement après mon épreuve de production orale. C’était un test de français par le Centre international des examens pédagogiques (CIEP). Il y a six niveaux en total : les A1 et A2 sont pour les débutants, les B1 et B2 pour des « utilisateurs indépendants » en langue française, et les C1 et C2 sont pour les étudiants ayant un niveau avancé de français. J’ai passé mon C1 en novembre dernier et je l’ai réussi. J’ai eu 19/25 – des bonnes notes, merci mon Dieu !
Immédiatement après ma production orale, j’avais bien voulu écrire quelque chose – j’ai écrit quelques paragraphes, mais quelques jours après, j’ai abandonné le texte. Aujourd’hui, je viens de le retrouver :
J’ai dix-sept ans. Je suis au sixth form college. Je viens de passer mon C1. (Non, ne riez surtout pas, je viens de passer mon C1…)
Au début de ma préparation pour le C1 (c’est-à-dire en septembre 2007) je ne comprenais pas du tout le système. Quant à la dernière épreuve – le B2 – je l’ai réussi, sans doute, mais je l’ai passé sans préparation. Les examinateurs m’ont dit que je n’étais pas calme, que j’étais vraiment trop excitée, et si je continue comme ça pour le C1 je vais peut-être échouer. Là, je me suis dite, non ! TNÉ ne peut pas échouer si facilement…
Pendant un an et deux mois je me suis entraînée durement. Ce qui m’inquiétait le plus, c’était la production orale. Dans le véritable examen, on doit rédiger une synthèse d’après quelques documents écrits. Le prof et moi, on a avancé un peu plus : d’abord on utilisait des vidéos, chacune durant un maximum de quinze minutes ; puis on utilisait des fichiers audio courts, et enfin on utilisait des fichiers sonores plus longs. (Ça, c’est déjà une préparation pour le prochain niveau – le C2 – parce que là on est requis de faire une synthèse d’après des documents audio !) Mais parce que mon entraînement était beaucoup plus difficile, je pouvais naturellement rédiger une synthèse quand on m’a donné trois sujets (trois documents par sujet).
La véritable épreuve de production orale était le 23 novembre. Je me suis rendue à l’Alliance Française à 9h du matin. La coordinatrice des examens (trouvons un autre nom !) m’a donné trois sujets. Le premier sujet était à propos des prisons en France – quelque chose qui concerne le droit, l’un de mes domaines de prédilection – et je l’ai choisi sans hésiter. Le deuxième sujet était à propos de… je ne sais quoi – je l’ai abandonné. Le troisième sujet concernait la santé, et même si j’ai étudié les sciences jusqu’à l’année dernière, j’ai tout oublié et alors, je ne l’ai pas choisi.
Je me suis assise, seule, dans la salle Guadeloupe, et j’ai commencé à écrire. Tout à coup je réalisais que j’avais besoin d’appliquer ce que j’avais étudié en droit, même si c’était le droit anglais. J’avais besoin des chapitres concernant les procès criminels – je ne les ai pas révisés, pas du tout ! Puis j’ai relu le premier document. Les prisons ne sont pas du tout propres ? C’est de la torture ? J’avais une idée : utiliser la Convention européenne des droits de l’homme ! Article 3 – la torture et la dégradation ne sont pas permis. Et c’est ainsi que j’allais commencer ma dissertation. J’utilisais des stylos colorés (on dirait que je suis folle d’avoir mis un point en rose, un autre en vert clair, un autre en orange…)
Quarante-cinq minutes passaient… il n’était pas encore temps d’entrer dans la salle de professeurs, où avait lieu mon examen. Assise avec mes notes et les documents, je priais. Le directeur de l’Alliance Française, M. Plasse, me passait. Il était, en effet, l’un de mes examinateurs. J’ai dû avoir une heure de préparation mais enfin, je ne voulais pas attendre longtemps dans la salle et m’inquiéter. Je voulais juste passer l’examen. Alors j’entrais dans la salle, lentement, avec un mauvais pressentiment.
Je fermais les yeux, et j’ouvrais la porte.
À mon entrée, les deux examinateurs – M. Plasse et Mme Ricordel (attachée de coopération pour le français) – me saluaient. Je les saluais, et quand ils étaient en train de reprendre les documents de mes mains, je souriais – à tel point que je pouvais péter de rire. Je ne savais pas si j’avais assez préparé. Deux pairs des yeux se fixaient sur moi. Marmonnant une prière, je commençais. « Article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme dit que………… » Depuis le début, j’essayais de les regarder directement, même si j’avais peur. Les yeux de Ricordel étaient fixés sur moi tout au long de mon épreuve.
Après ma dissertation, les examinateurs devaient me poser des questions. J’essayais de rester calme… ma seule faiblesse, c’est que j’ai pris un peu longtemps à répondre. Je croyais que Plasse et Ricordel parlaient trop vite. Ils ralentissaient. Et même après ralentir, j’ai pris environ deux minutes à penser aux réponses. Je ne voulais que les meilleures réponses. Le droit. Tout ce qui était raisonnable. Et ils attendaient… Et après une série de questions, ils m’ont posé les questions que j’anticipais le plus :« Quels sont vos domaines de préférence ? »
« Lequel préférez-vous ? le droit civil ou le droit criminel ? »
Sur la première question : j’ai dû révéler les sentiments les plus profonds de mon cœur. Mes domaines de prédilection ? Le droit. Et la musique. Oui, cette dernière leur faisait rire. Mais qu’importe ? – ces mots viennent de quelqu’un qui a une connaissance étendue dans ces domaines. Je souriais. Je leur ai révélé que j’étudie le droit, mais je ne pouvais pas leur dire que je suis en train de faire mes A-Levels (équivalent au bac).
Sur la deuxième question : je préfère le droit civil. Ici en Malaisie, les verdicts sont trop durs – si le juge décide à jeter quelqu’un en prison, il le fera pour une dizaine d’années, pour que tout le monde fasse attention. Et n’oublions pas que la peine de mort existe encore en Malaisie ! La fonction d’un avocat (ou, dans mon cas, d’une avocate) est de défendre les droits de la personne ou de la compagnie de qui on se charge – c’est au juge de remettre la justice. Sous quelles circonstances le criminel a-t-il volé quelque chose, ou tué quelqu’un ? Pour tout cet argent je ne veux pas jouer avec la liberté (ou bien la vie) du défendant ! Si j’échoue et s’il meurt, son sang tombera sur moi et ne me laissera jamais. Quant au droit civil, on se charge des disputes qui arrivent au jour le jour, et ces disputes, souvent entre des entreprises, peuvent être très intéressants, parce qu’ils couvrent des différentes situations.
Et vous savez ? Chut ! – j’étais sûre qu’on allait me poser la deuxième question (sur le droit criminel et le droit civil), et un jour avant l’examen, je me suis entraînée à répondre à cette question. :D
0 comments:
Post a Comment